Tenir
compte de la vie psychique
Des
psychiatres, psychologues,
psychomotriciens, infirmiers, éducateurs, orthophonistes,
secrétaires, aides-soignants
travaillent dans les hôpitaux de jour où ils sont
confrontés quotidiennement à
de jeunes enfants et adolescents présentant des troubles
autistiques ou des
troubles envahissants du développement. Ces professionnels
font un travail de qualité
dans lequel l'écoute et l'inventivité
thérapeutique dominent. Ils sont aujourd’hui
l’objet d’une mise à
l'index par un lobby comportementaliste très bruyant qui
semble fasciner
certains médias. Ces médias qui trompettent
l’explosion du nombre des autistes
(x 20) et surévaluent, parmi ces derniers, la proportion des
Asperger, les autistes
de « haut niveau ».
De
nombreux chercheurs, psychiatres, psychologues, psychanalystes
avec
certains de leurs collègues neurophysiologistes,
biologistes, neuropédiatres,
généticiens, continuent de soutenir, avec de
nombreux autres scientifiques, que notre psychisme, nos
pensées se construisent, que
notre base
génétique et neurologique est modelée,
complexifiée par toutes les rencontres
heureuses ou désastreuses de l'existence et qu'elle est
influencée par notre environnement.
Les détracteurs de cette approche
psychodynamique du développement, de la
construction psychique et
neurodéveloppementale centrent leurs attaques sur (ce qu’ils appellent et se
représentent comme) la
"psychanalyse" et se constituent en groupe de pression
militant qui vont de plus en plus loin dans leurs actions.
Des lobbies à
l'offensive
Leur
influence s’étend, avec la
complicité de parlementaires conservateurs,
jusqu’aux plus hautes sphères de
l'Etat. La Haute Autorité de
Santé
avait inclus dans ses préconisations l'arrêt de
tout traitement psychanalytique
pour les enfants autistes. La publication de certains
éléments par la presse a
un peu freiné son ardeur.
Maintenant
ils souhaitent faire une proposition de loi,
portée
par le député Fasquelle (UMP), pour interdire
la psychanalyse dans les hôpitaux de jour.
Et le
2 mai 2013, la ministre
chargée des personnes handicapées et de la lutte
contre l'exclusion du
gouvernement socialiste a pu déclarer :
"En
France depuis quarante ans,
l'approche psychanalytique est partout, et aujourd'hui elle concentre
tous les
moyens. Il est temps de laisser
la place à
d'autres méthodes pour une raison simple : ce sont celles
qui marchent, et qui
sont recommandées par la Haute Autorité de
Santé." "Que
les choses soient claires", ajoute-t-elle en
forme d'avertissement, "n'auront les moyens pour agir
que les
établissements qui travailleront dans le sens où
nous leur demanderons de
travailler".
Or
pour l'instant, il n’y a
en France aucune
étude achevée de grande envergure pouvant faire
état de la supériorité d'une
pratique sur l'autre, qu'elle soit d'ordre cognitiviste,
comportementaliste,
médicamenteuse ou psychanalytique.
Ce
travail est en
cours mais n’a pas encore abouti. C'est un travail
considérable qui s'étend sur
plusieurs années. Donc de nombreux parents - mais pas tous
les parents - sont
leurrés en permanence et s'accrochent bien entendu
à l’espoir que suscite la
parole des bonimenteurs.
Il
nous semble que la dérive qui est
à l'œuvre sous l’influence de puissants
lobbies est suffisamment grave pour
être portée à la connaissance de tous,
et notamment des élus, et qu’on sache
enfin ce qui se cacherait derrière une formulation,
« l’approche
psychanalytique »,
suffisamment vague pour nourrir tous les fantasmes, y compris celui
qu’on
allongerait sur un divan des enfants qui ne parlent pas. Tout cela se
fonde sur
l’ignorance de ce que recouvrent le terme et la pratique de
psychothérapie
institutionnelle depuis plus de 60 ans.
Que fait-on
aujourd'hui dans les
hôpitaux de jour ?
Alors
que
fait-on aujourd’hui dans les hôpitaux de
jour ? Qu’est-ce que la
pédopsychiatrie « à la
française » qui exige que
le sujet autiste
reste au centre de la préoccupation des soignants sous
toutes ses facettes
inhérentes à l'humain et dans une
conscientisation permanente ?
Comment
les praticiens
remplissent-ils leur mission ? Quelle thérapeutique,
fondée sur quelle longue
pratique clinique et quelle constante recherche théorique,
est mise en œuvre dans ces établissements de
santé, en France ?
Nous
avons eu la chance de pouvoir
filmer longuement dans un hôpital de jour d’un
secteur pédopsychiatrique. La
direction du centre hospitalier, les enfants, les soignants et les
parents
d’enfants accueillis ont participé activement
à ce projet. Ce service hospitalier
remplit une mission résolument thérapeutique. Il
accueille des enfants
autistes, psychotiques, dysharmoniques (ces pathologies
étant aujourd’hui
classées « troubles du spectre
autistique ») et des enfants qui
souffrent de graves troubles du comportement.
Le
film donne la parole aux
praticiens afin qu’ils nous montrent et nous explicitent le
pourquoi et le
comment de leurs pratiques de soins. Mais également aux
parents afin qu’ils
évaluent ce travail – et ses résultats
- et qu’ils expriment la part qu’ils
prennent dans les soins apportés à leurs enfants.
La
psychothérapie institutionnelle
est une pratique vivante, créative nécessairement
collective. Comment ça
soigne, comment ça marche et comment ça respecte
l’humanité des sujets avec
autisme, tel est le questionnement de ce film.
Les
enfants, des parents et les soignants
en témoignent sans aucun commentaire.
B.
Richard,
réalisateur.
Quelques ouvrages ICI.
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